Il y a 4 ans de ça, j'ai eu un ras le bol profond de la vie en banlieue parisienne, et encore pire, de la vie parisienne. L'impression de mener une vie de dingue, trop de temps au boulot, pas d'activité intéressante à l'extérieur (j'aime bien les grands espaces, la nature etc ...). Alors j'ai dit à Patron Chéri que je voulais démissionner, et partir vivre loin de Paris (l'idée c'était le sud-ouest de la France).

Et puis je me suis un peu dégonflée, pas facile de se lancer dans la recherche d'un nouveau job quand ça fait presque 10 ans qu'on bosse pour le même patron. Alors j'ai fait une proposition à Patron Chéri :  partir pendant 6 mois travailler pour  notre bureau chinois, histoire d'essayer d'améliorer la communication, et de mettre en place un embryon de système qualité. Et Patron Chéri a dit oui, mais pour un an. Okay, deal.

Je suis partie un peu à l'arrach. Quand j'ai accepté, je n'étais jamais allée en Chine. J'avais passé une semaine entre Hong Kong et Taipei 5 ans plus tôt pour le boulot, n'avais rien vu, sauf les grands buildings de Hong Kong (une horreur) et mon manque d'intérêt pour la cuisine chinoise. Ca faisait des années que je travaillais avec les Chinois, mais je n'en avais jamais cotoyés. Mes connaissances sur la Chine remontaient à ma terminale, c'est vous dire si c'était oublié (et sans doute obsolète). Je n'ai jamais été interessé par la culture chinoise.

J'ai beaucoup aimé.

La Chine est un pays formidable par sa diversité. Des paysages fantastiques. Une culture riche et variée. Des gens gentils, ô si gentils avec moi. Je ne parlais pas un mot de mandarin (j'ai essayé de prendre quelques cours, mais c'est une langue difficile, je n'ai pas l'oreille musicale, et j'ai perdu goût à apprendre quand mon patron m'a suggéré au bout de 3  mois de ne rester que 6 mois en Chine, puis de partir sur Hong Kong, où on parle le cantonais), relativement peu de Chinois parlent anglais ou bien osent parler en anglais, et pourtant avec l'aide de mes collègues, d'une amie, et des gens croisés au hasard, j'ai toujours réussi à me faire comprendre, à avoir ce dont j'avais besoin. Les Chinois sont curieux aussi, aussi intéressés d'en savoir plus sur moi, sur ma famille, sur mon pays que je l'étais à leur sujet. J'ai eu avec eux des échanges que je ne connaissais pas (ou peu) en France.

J'étais dans une petite ville (environ un million d'habitants), à Suzhou, à une heure de Shanghai. Si vous n'allez voir qu'une ville en Chine, passez à Suzhou. C'est une ville charmante. Non seulement les gens y sont accueillants, mais la ville en elle-même est vraiment jolie. Ah, les jardins de Suzhou, quel calme, quelle sérénité. Se perdre en vélo dans les petites rues de Suzhou, longer les canaux, bouquiner dans les parcs. Rien que d'en parler, j'en frémis.

C'est vrai, ma vie sociale était limitée (mais je ne suis pas vraiment un animal sociable), mais j'ai vécu comme une renaissance ce calme, cette tranquillité. Ces six mois en Chine m'ont ressourcée comme rien d'autre n'aurait pu le faire. J'y ai vécu sans aucune oppression. La Chine c'est le pays de la liberté (liberté pour moi, j'ai bien conscience que ce pays connait quelques problèmes à ce sujet). Je ne supporte plus qu'on dise du mal de la Chine, ma reconnaissance pour ce pays me fait accepter certaines actions excessives de la part du gouvernement.

J'en ai noircies des pages à raconter à ma famille toutes les petites anecdotes de ma vie, ma découverte des Chinois, les paysages que je découvrais. J'en ai prises des photos.

Ben voilà, comme vous l'avez compris, j'aime bien la Chine.